Mutin et Convers

Charles MUTIN (1861-1931)

Charles MUTIN est né le 7 avril 1861 à St.Julien-sur-Suran ( Jura ) . Le pére, aubergiste, meurt lorsque Charles atteint l’age de trois ans et la famille s’installe à Paris. En 1873, il est élève au Petit Séminaire à Meaux en classe de 7ème. Sa mère, très pieuse, n’en fait cependant pas un prêtre, mais toutefois un homme au service de l’Eglise. Elle le fait entrer comme apprenti chez Cavaillé-Coll, avenue du Maine, en 1875, qui le confie à Joseph Koenig (1846-1926) l’un des harmonistes de la Maison, employé au grand orgue de L’abbaye-aux-Hommes de Caen. Alors qu’il remplit ses obligations militaires en Normandie, le sergent chef Charles Mutin rencontre Eugénie Crespin (1870-1953), fille unique d’un entrepreneur de bâtiments, riche héritière de son oncle, et de son père marguillier de Notre-Dame-de-Guilbray, à Falaise, Commandant des Sapeurs-pompiers . Il l’épouse le 23 janvier 1888 puis s’installe provisoirement rue du Pot d’Etain. En 1898 , il rachète la manufacture de l’avenue du Maine. C’est Charles Mutin qui rend hommage à Aristide Cavaillé-Coll en 1899, sur sa tombe.

Charles Mutin était un homme dynamique, doté de réelles facultés de dirigeant d’entreprise.Il lui arrivait fréquemment, lorsqu’un nouvel orgue sortait des ateliers de la manufacture, d’aller jusqu’à choisir les musiciens et le programme du concert d’inauguration! A l’Exposition Universelle de 1900 à Paris, il construit un grand orgue pour le Conservatoire de Moscou, auquel succèderont de nombreux instruments prestigieux. Il sera témoin du lent déclin de la manufacture Cavaillé-Coll après son rachat par Auguste Convers. Charles Mutin décède le 29 mai 1931, rongé par une maladie implacable. En pleine Guerre, la Manufacture Cavaillé-Coll agonise lentement dans sa fusion avec la Société Pleyel.

Réalisations en Algérie :

Alger

Notre Dame d’Afrique

Alger

Temple : Charles Mutin dans son catalogue publicitaire signale sans plus de détail la livtaison d’un grand orgue pour le temple

Alger

Restauration de l’orgue de Saint-Augustin (1931)

Oran

Grand orgue de la cathédrale.

Oran

Restauration de l’orgue de la synagogue

___________________________________________________________

 » Les restrictions budgétaires consécutives affectent pour un temps la Troisième République. Ces dispositions s’accrurent sensiblement lorsque l’Ordre Moral cède la place à une République, moins favorable au Clergé. C’est fini des mesures symboliques multipliées sous le Second Empire qui cherche à unir dans un mariage de raison l’Eglise et l’Empire. Le secteur de l’orgue en a été le bénéficiaire, mais peu à peu, se met en place une politique peu favorable à l’Eglise. Cette récession affecte le mode de rémunération des maîtres d’oeuvres; le sort des édifices diocésains est directement impliqué dans cette conjoncture. Les commandes s’amenuisent bien qu’en apparence l’entreprise couvre plusieurs chantiers et pas des moindres.  » Nous avons notre salle encombrée d’instruments fabriqués et à vendre: il n’y a plus lieu, donc à faire, du travail d’avance, ce serait folie. Alors? me demandez-vous. On laissera certainement chômer le personnel bien réduit cependant. Les affaires commerciales et le travail des ateliers sont nuls «  souligne le caissier de la Maison Cavaillé-Coll.  »

AUGUSTE CONVERS ( texte provisoire ).

Auguste Convers succède à Mutin en 1924 et mécontente sa clientèle par des instruments de série peu fiables quant aux transmissions électriques des notes. Il est limogé en 1928 à la veille de la crise mondiale de 1929. Une société anonyme reprend les affaires en cours avec un succès relatif. Auguste Convers confesse le climat musical qui règne en France dans le milieu de l’orgue en 1935, par ces mots révélateurs:

 » CAVAILLE-COLL était médiocre musicien et nullement exécutant, il était donc peut apte à se défendre contre les influences des maîtres de son époque. Ses premiers instruments, notamment Saint-Denis , composés librement par lui étaient fort brillants, alors que par la suite sous l’empire des idées de Franck et de Widor ils ont été élagués de tous les jeux de mutations qui étaient inutiles pour l’exécution des pièces de ces deux compositeurs. C’est Alexandre Guilmant qui a désiré beaucoup plus tard retrouver dans les instruments les jeux qu’on avait supprimés. Ceci dit à l’excuse des facteurs qui sont souvent incriminés de choses qu’on leur à imposées. Lorsqu’en 1924, j’ai commencé à faire figurer dans les compositions de la maison CAVAILLE-COLL de nombreux jeux de mutations, j’ai eu à lutter d’un façon sévère contre les vieux organistes qui les trouvaient tout à fait superflus et n’y voyaient qu’un avantage pour le facteur qui bénéficiait du prix moins élevé des tuyaux. Un maître de chapelle parisien, qui existe encore, me disait à cette époque devant un orgue neuf qu’on terminait dans mes ateliers:  » Ce Nazard et cette Tierce ne sont que des jeux de facteur d’orgues, parce qu’ils ne coûtent pas cher « . Voilà tout l’intérêt qu’on y apportait. Tout ceci ne serait pas grand’chose si finalement le facteur n’en était pas rendu responsable et après de nombreuses années on oublie qu’une composition avait été imposée par Widor, on dit simplement que le père Cavaillé-Coll ne savait pas composer ses orgues. Il faut donc se résoudre à ce fait, ou entrer en lutte en se mettant à dos la majorité des organistes « .